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  • Jérôme Chenal

Master exécutif sur les smart cities

Gestion du trafic routier, évacuation des déchets, approvisionnement en eau et électricité... Ce sont là quelques exemples de problématiques que les Smart Cities intègrent dès le stade de leur concep- tion. Et le Master exécutif «Stratégies des Smart Cities en Afrique», lancé fin 2022, par le Center of Urban Systems de l’UM6P, en coordination avec l’African Cities Lab de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, a pour ambition d’équiper les acteurs de demain d’outils pour gérer ces contraintes et les intégrer dans leurs décisions stratégiques visant à accompagner le développement démographique et urbanistique du continent.


Pour accompagner la transformation digitale sur le continent et préparer les compétences capables de porter le changement, l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguérir propose des formations adaptées avec une vision continentale. Dans le domaine de l’urbanisme, et dans un contexte où plusieurs villes africaines s’orientent vers les projets de transition ou de création de Smart Cities, l’Université s’est associée à plusieurs établissements africains pour proposer le Master exécutif "Stratégies des Smart Cities en Afrique". Objectif : renforcer les compétences des lauréats en matière d’urbanisme intelligent. Le point avec Pr Jérôme Chenal, directeur de ce Master et du Center of Urban Systems de l’UM6P.


Qu’est-ce qui a motivé le lancement du Master exécutif «Stratégies des Smart Cities en Afrique» ?


Dans le cadre de l’African Cities Lab, un projet conjoint entre l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) au Maroc, l’Université des sciences et technologies Kwame Nkrumah (KNUST) au Ghana, l’Université de Carthage en Tunisie, University of Rwanda au Rwanda, Captown University en Afrique du Sud, Sèmè City au Bénin et l’EPFL en Suisse ; il est apparu très vite que la question des Smart Cities, mais plus largement de la révolution digitale sur le continent africain, allait être au centre des préoccupations des décideurs et des techniciens dans les prochaines années, voire les prochaines décennies.

Dans cette optique, l’UM6P, qui, à travers son Center of Urban Systems (CUS), traite de ces questions, a pris les devants en proposant de former les politiques et techniciens en charge des villes sur les questions de l’utilisation du numérique. Aujourd’hui, toutes les villes, sans exception, doivent intégrer les données dans leur gestion, nous souhaitons ainsi les accompagner en développant ce Master qui connaît un engouement non seulement au Maroc, ce qui n’est pas étonnant, mais sur l’ensemble du continent avec des inscriptions provenant de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Nous avons donc misé sur un format en présentiel à Rabat, mais doublé d’une possibilité de suivre à distance, additionnant ainsi les avantages de l’enseignement en présentiel et l’enseignement à distance.


Comment l’UM6P partage-t-elle son savoir- faire avec le reste du continent ? Verra-t-on des ingénieurs marocains participer à la conception et au développement de villes intelligentes en Afrique ?

J’espère bien que les participants qui seront formés participeront à la conception et la ges- tion des villes partout en Afrique. Les Marocains sont très bien positionnés dans ce do- maine-là et sans prédire l’avenir, je les vois très clairement jouer un rôle important dans les années à venir.

Le Maroc est en avance sur les questions d’intelligence artificielle et de traitement du nu- mérique si l’on se réfère à la «School of Computer Sciences» (UM6P-CS) ou encore au centre international d’intelligence artificielle du Maroc (Ai Movement), pour ne citer que ces deux exemples de l’UM6P. Cet avantage comparatif doit aussi se traduire en matière d’innovations urbaines.

Il y a tout pour réussir, et c’est l’objectif du Center of Urban Systems de l’UM6P de com- binerlesméthodesclassiquesdel’urbanisme et le savoir sur la ville avec les données numé- riques. Mais dans le cadre de ce Master exé- cutif, on ne forme pas encore les ingénieurs en Urban Systems mais bien les décideurs actuels ou futurs qui sont ou seront amenés à prendre des décisions stratégiques sur les villes et sans une connaissance des enjeux, de la gouvernance des données et des technolo- gies, les décisions sont impossibles à prendre.


Le continent connaît une explosion démo- graphique couplée à une urbanisation galopante. Y a-t-il aujourd’hui urgence à former des ingénieurs à même de répondre aux défis de la Smart City ? En quoi cette der- nière requiert-elle des compétences diffé- rentes de l’urbanisme «traditionnel» ?


Au-delà de l’urgence à former des ingénieurs pour les Smart Cities, il faut en former pour les villes d’aujourd’hui qui sont toutes nu- mériques. À titre d’exemple, sur le continent africain, les taux de pénétration de la télépho- nie mobile sont tels que la ville, même si elle n’est pas encore smart, est déjà digitale. Nous sommes déjà dans l’ère des villes numériques sans le savoir ou sans l’assumer. On a donc besoin de former des gens à même de pouvoir répondre à ces défis. Il y a un besoin énorme en ingénieurs pour les villes. Il y a une vieille profession d’ingénieur en génie urbain, tombé totalement en désuétude, qui est aujourd’hui au centre de nos préoccupations. Il faut for- mer la version 4.0 de ces ingénieurs. C’est ce que nous appelons les ingénieurs en Urban Systems. L’urbaniste «traditionnel» s’occupe surtoutdelaplanificationetdelaproduction des plans d’urbanisme, il ne disparaîtra pas, la planification urbaine est nécessaire, mais manque sa cible, car elle n’est pas en lien avec la gestion urbaine, là où l’urbaniste n’est plus compétent. Pour un territoire durable, c’est l’articulation des ingénieurs en Urban Systems et des urbanistes «traditionnels», qui doit être visée. Sans toutes ces compétences, rien ne se passe. La ville est un objet complexe et c’est dans les contributions de profession- nels de différents milieux que nous pouvons faire progresser la durabilité. C’est la seule voie possible.

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